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Les cadres plébiscitent les villes moyennes pour changer de vie

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Plus de deux tiers des cadres seraient prêts à quitter les grandes villes pour s'installer dans les zones péri-urbaines. Une envie d'ailleurs au sortir de la crise sanitaire portée par le télétravail et des prix immobiliers attractifs. Un choix pas si simple à mettre en oeuvre. Analyse. 

La crise sanitaire a résolument changé les codes. « 70 % des cadres franciliens - 54 % de l'ensemble des cadres - envisageraient de travailler dans une autre région », rapporte l'Apec selon des chiffres publiés en octobre 2021. « Certains évoquent le sujet lorsqu'ils pensent à changer de métier ou de secteur, voire à faire évoluer leur poste, explique Adeline Ferreira, consultante au centre de Paris-République de l'Apec. Pour d'autres, se rapprocher de leur région d'origine est une priorité. Quitte à faire des concessions sur l'intérêt du poste, du secteur ou du métier. Enfin, il y a des cadres qui prévoient de s'installer en région pour créer leur entreprise. » Alors, pourquoi donc cette « envie d'ailleurs » ? 

Deux jours de télétravail hebdo

« Pour une grande partie des urbains, la ville génère un grand mal-être. Trop de bruit, trop de pollution, trop d'agitation... En 2020, 19 % disent avoir envie de nature, dont 24 % chez 25-34 ans », analyse Rémy Oudghiri, directeur de Sociovision, la branche prospective de l'Ifop. L'Apec renchérit : deux tiers des cadres franciliens désirent jouir d'un cadre de vie plus proche de la nature, accéder à un logement plus spacieux, raccourcir les temps de transport, renouer avec les attaches amicales ou familiales, baisser le coût de la vie.

Cette envie d'ailleurs se confirme avec la pérennisation du télétravail. En effet, 68 % des entreprises, estime une enquête 2021 de l'Association nationale des DRH, prévoient de l'instaurer au moins deux jours par semaine. Selon une étude Opinion Way de juillet 2021, 38 % des collaborateurs se disent prêts à changer d'employeur en cas de retour au présentiel à 100 %. Cette menace bondit à 57 % chez les moins de 35 ans.

La métropole reste un lieu indispensable où nous ne sommes plus obligés d'habiter. Jean Viard, sociologue

Une chose est sûre : « La métropole reste un lieu indispensable où nous ne sommes plus obligés d'habiter », constate le sociologue Jean Viard dans la cinquième édition du baromètre d'Arthur Loyd sur l'attractivité des métropoles françaises et la résilience des territoires, publiée fin 2021. 

L'immobilier devient abordable

Alors, à quels territoires profite cette « envie d'ailleurs » ? « Plus les villes sont denses, moins elles sont attrayantes. Le Covid-19 a renforcé l'attractivité des villes moyennes », relève Arabelle Chambre-Foa, directrice de projet à La Fabrique de la Cité qui, ces deux dernières années, a réalisé 70 visites territoriales. Argument massue, l'immobilier dans ces villes moyennes est jusqu'à six fois moins cher qu'à Paris, indique le baromètre d'Arthur Loyd. La maison de 100 m² (1.380.000 euros à Paris) se négocie à 124.000 euros à Valenciennes et à 158.000 euros à Poitiers qui se trouvent chacune à moins de deux heures en train de la capitale

Comptez moins de 200.000 euros pour Le Mans, Beauvais, Chartres et Rouen. Et moins de 225.000 euros à Amiens, Nancy, Orléans, Reims, Lille, Compiègne et Metz, le prix de la maison atteint 200.000 euros. A Caen, Angers, Tours et Dijon le prix reste en dessous de 250.000 euros. Autre argument : pour environ 300 euros, le nouvel abonnement « télétravail » de la SNCF place le billet au départ d'Arras, Lille, Reims ou Tours vers Paris à moins de 14 à 17 euros. De quoi faire l'aller-retour dans la journée deux à trois fois par semaine. 

Dynamiser les centres-villes

En prévision d'un éventuel exode urbain, « les villes moyennes situées dans des régions qui étaient déjà très prisées ont vu le nombre des cessions immobilières augmenter. Les maisons de ville ont été cédées en une ou deux semaines », remarque Arabelle Chambre-Foa. Il en résulte une flambée des prix « qui peut freiner le passage à l'acte. Il risque d'y avoir beaucoup de frustrations », prévient Rémy Oudghiri. « Une meilleure qualité de vie hors des grandes villes, c'est un mythe ! La réalité est plus complexe, souligne François Taulelle, professeur de géographie, aménagement et urbanisme à l'Institut national universitaire Champollion à Albi. Certes, les villes cherchent à revitaliser leur centre abandonné au profit de la périphérie, notamment avec le programme Action coeur de ville de la Banque des territoires qui vise 222 villes.

« Mais, c'est très complexe à mettre en oeuvre, reprend François Taulelle, qui anime le master intitulé « ville et environnement urbain » à Albi. Car cela nécessite de faire interagir différentes lignes d'action : un logement adapté aux familles avec enfants, rouvrir des commerces et écoles, aménager des lieux de qualité et des espaces de convivialité, des transports et des mobilités douces, etc. » Autant commencer par embaucher un spécialiste de l'ingénierie urbaine.

 

Source : Lesechos.fr

Auteur : Erick Haehnsen

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